L’Ecole ouvre ses portes le 4 novembre 1859, sous le nom d’École normale de garde-malades, grâce à l’initiative de la comtesse Valérie de Gasparin et de son mari Agénor. Contrairement à Florence Nightingale, Valérie de Gasparin ne pratique pas les soins infirmiers. Sa préoccupation est, avant tout, de professionnaliser les soignantes qui sont alors d’obédience religieuse. Il s’agit désormais de former des professionnelles qui devront être non seulement compétentes et rémunérées, mais aussi libres d’exercer en leur âme et conscience, en toute indépendance d’esprit.
Ni para-religieuse, ni para-médicale, l’Ecole est cependant marquée par les pasteurs de l’Église Libre vaudoise sont à sa tête durant les 30 premières années, ainsi que par les médecins qui y enseignent, avec l’appui plus tard des «monitrices».
Avec d’abord une formation sur quatre à cinq mois, le démarrage est modeste et très progressif. A cette époque, la notion de garde-malade est inconnue de la population. Malgré la concurrence des diaconesses de Saint-Loup, historiquement établies aussi bien dans l’instruction que sur le terrain hospitalier, en 1882 on recense déjà 203 professionnelles actives, issues de La Source, sur les 295 formées jusqu’alors.
Pour assurer la pérennité de l’Ecole, Valérie de Gasparin créé en 1890 la Fondation La Source. Elle installe cette fondation de la villa La Source, à Lausanne, et la dote de fonds en suffisance. Dès 1891, s’ouvrent également un dispensaire et une clinique dite «de Beaulieu», qui deviendra plus tard la Clinique de La Source. Alors que Florence Nightingale fait de l’école une annexe de l’hôpital, Valérie de Gasparin souhaite une école qui dispose d’un hôpital pour annexe. Les statuts de la Fondation précisent que l’Ecole demeure indépendante de toute institution hospitalière. Le Dr Charles Krafft, pionnier de l’appendicectomie, est nommé directeur de l’Ecole, sous l’impulsion du Dr César Roux, membre du conseil de fondation.
Dès 1895, la durée de la formation passe à huit mois, puis à la fin du 19e siècle, à trois ans dont deux de stage. En 1896, Dr Krafft s’oppose au pasteur Roehrich au congrès suisse des intérêts féminins, tenu à Genève, en rappelant que la garde-malade doit recevoir une instruction scientifique et non pas une éducation centrée sur la stricte obéissance au médecin.
Le concept d’une formation d’infirmières laïques commence à s’étendre en Suisse avec la création de l’école du Lindenhof à Berne (1899) et de la Pflegerinnenschule à Zurich (1901).
Dès 1910, la profession infirmière évolue et s’affranchit de la tutelle du corps médical à travers des structures associatives propres, fusionnées au sein de l’ASI en 1978.
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, les Sourciennes s’engagent dans des ambulances de guerre, comme celle d’Alexis Carrel à Compiègne, proche du front militaire. Entre 1939-1945, elles seront 600 à être mobilisées.
De 1923 à 1999, les programmes de formation sont contrôlés et agréés par la Croix-Rouge suisse, dont l’école est l’antenne romande pour la formation des infirmières.
En 1929, La Source met en place une formation post diplôme pour les infirmières de santé publique, qui sera suivie en 1991 de la formation aux pratiques interdisciplinaires en géronto-gériatrie. Depuis les années 1950, La Source a élargi le champ des formations selon l’évolution des spécialités médicales, tout en s’orientant vers les sciences humaines et sociales. Elle accueille son premier étudiant masculin en 1976. Les années 1990 voient arriver des enseignants issus de formations supérieures et la création d’une Unité de recherche et développement (URD). Il s’agit de produire un savoir spécifique qui ne soit pas le «niveau inférieur ou résiduel d’un savoir dominant». L’avènement des sciences infirmières, nées en Amérique du Nord, préparent La Source à l’enseignement universitaire à venir, avec des programmes pensés et gérés par les infirmières elles-mêmes.
L’intégration de la filière des Soins infirmiers en 2002 au sein de la HES-SO, fait passer La Source au modèle de l’enseignement supérieur. Le diplôme délivré par la Croix-Rouge suisse fait alors place au Bachelor of Science. Cette évolution découle des impératifs dictés par les défis du 3e millénaire: une demande croissante en personnel qualifié dans un champ sanitaire et social en évolution rapide; la reconnaissance internationale des diplômes inscrits dans le processus de Bologne, dans un contexte de mobilité en hausse; des réponses plus complexes face à des situations elles aussi plus complexes.
En 2005, La Source absorbe l’ancienne école d’infirmières Bois-Cerf, à Lausanne.
Les missions autres que celles conférées par le statut de HES sont confiées à l’Institut La Source, créé à Paris en 2000, puis transféré à Lausanne en 2007. Il constitue la partie privée de l’École. Son attention se porte sur le réseautage local et international, les relations avec la Croix-Rouge suisse, ainsi que sur l’animation de l’antenne européenne du Secrétariat international des infirmières et infirmiers de l’espace francophone (SIDIIEF) dont La Source est cofondatrice avec l’Ordre des infirmières du Québec.
Jacques Chapuis (directeur de 2006 à 2022) est membre de l’Assemblée suprême du Comité international de la Croix-Rouge depuis 2012.
Dans les premières années, c’est le logement du directeur d’Ecole qui accueille les premières élèves, à proximité de la cathédrale de Lausanne.
En 1867, le directeur fait l’acquisition de la villa « La Source », dans ce qu’on appelait alors la campagne Beaulieu, à l’extérieur de Lausanne, et y transfère l’Ecole. Dès lors, les diplômées prennent le nom de «Sourcienne». L’École s’agrandit au fil des années et rachète, en 1946, l’immeuble de l’Institut de Béthanie pour loger les élèves. En 1961, 1971 et 1999, elle entreprend des travaux successifs qui lui confèrent son visage actuel. Aujourd’hui encore, elle y déploie une bonne partie de ses activités.
A l’étroit à Vinet, l’Ecole installe un site transitoire, en attendant l’extension à Beaulieu, de 700 m2 à la rue de Sébeillon, à Lausanne. Elle y aménage un centre de simulation, le SEB, permettant l’exercice simultané des habiletés cliniques par une soixantaine d’étudiant·es, sous la supervision d’une dizaine d’enseignant·es.
L’Ecole obtient enfin les espaces suffisant à l’accueil de ses près de 1’000 étudiant·es, à deux pas du site de Vinet, dans une des anciennes halles d’exposition du Palais de Beaulieu. Les 6000 m2 supplémentaires accueillent un hôpital simulé de 2500 m2 avec 7 chambres pour la pratique des habiletés cliniques et 2 répliques d’appartements pour l’exercice des soins à domicile, ainsi que les activités de recherche appliquée et d’innovation.
L’histoire de l’Ecole, de la Clinique et de la Fondation La Source est conservée par les Archives Fondation La Source.