«La Source est le lieu des expériences infirmières»

La multiplication, la diversification et la complexification des besoins de santé impose à la profession infirmière de relever de nombreux défis. Pour y parvenir, elle doit pouvoir s’appuyer sur des outils de formation ancrés dans le monde d’aujourd’hui, à commencer par la simulation.

Donald Glowinski, responsable Simulation à l’Institut et Haute École de la Santé La Source. David Trotta © La Source.

Par David Trotta, Rédacteur en chef du Journal La Source, Institut et Haute École de la Santé La Source

Plus de la moitié des soins sont prodigués hors du cadre hospitalier. Une réalité, celle de la profession infirmière, peu visible pour une majorité de la population. «Parce que nous sommes attaché·es à l’image des infirmières et infirmiers dans un milieu où les soins sont concentrés», explique simplement Donald Glowinski. «Mais l’évolution de la profession fait qu’elle gagne en autonomie, que nous changeons de modèles, moins hospitalocentrés, en réseaux, et conduit à reconfigurer le travail dans les soins», souligne encore le responsable Simulation à l’Institut et Haute École de la Santé La Source.

Répondre aux défis contemporains, c’est donc repenser la place, le rôle et le positionnement des infirmières et des infirmiers dans la société. Une nécessité qui se traduit aussi par le besoin d’une formation toujours d’actualité, en écho aux besoins d’aujourd’hui, pour éviter que les soignant·es ne soient dépassé·es demain. «Tout l’enjeu de la simulation», confirme Donald Glowinski.

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Accompagner ces changements, en termes de formation, c’est donc garder un œil sur la réalité du monde pour permettre aux futur·es professionnel·les, comme aux personnes déjà en exercice, d’apprendre, ou de réapprendre, dans un univers au plus près du réel. «Tout l’art de la simulation consiste à faire en sorte que chaque étudiant·e participe. À travers des simulations courtes et répétées, ou en créant des parcours immersifs par exemple. Proposer des configurations qui recréent les différents contextes, adaptés aux différents enjeux de soins, fidèles au terrain». Le tout pour s’adapter à un besoin pédagogique, reposant sur trois grands piliers: disposer de formats adaptés, d’une infrastructure innovante et d’outils de pointe. Jusqu’à recréer les moindres détails.

Des exemples? «Nous allons par exemple travailler avec une spécialiste des effets spéciaux, pour créer des prothèses ou des plaies toujours plus réalistes. Le but étant de monter toujours plus en force. Et nous devons aussi mener un travail sur l’écologie sonore. Parce que les simulations sont paradoxalement très silencieuses. Or, le terrain ne l’est pas».

Du prescrit au possible

Loin d’une fantaisie, il s’agit au contraire de répondre à des enjeux de santé. «De façon générale, les simulations travaillent peu sur le son et l’impact possible, délétère ou positif d’un environnement sonore. Il ne faut pas oublier que le son est un système d’alerte qui fait partie du terrain. Par exemple, quand les gens en ont assez des alarmes, ils baissent le son. Mais baisser le son d’une alarme, c’est prendre le risque de ne plus l’entendre. Souvent, on oublie que la nature du son peut avoir une incidence, alors qu’elle est centrale.»

Penser le monde jusque dans les plus petits détails répond à un enjeu central dans le champ de la simulation: créer des représentations partagées, qui se déclinent en deux grands axes. D’abord le «prescrit», s’assurer que les soins sont réalisés correctement, selon les bons protocoles, dans la multitude des contextes possibles, pour aboutir à un effet positif sur les patient·es. Deuxièmement, le possible. «Comme les gens sont déjà souvent stressés par le prescrit, comment serait-il possible de faire de l’espace pour imaginer quelque chose de différent? Cet espace, permis par la simulation, est fondamental. Nous devons créer ce lieu et essayer des choses qui n’ont jamais été faites. La Source est le lieu des expériences infirmières», assure Donald Glowinski.

Perspectives

En plus des activités de simulation qui animent chaque jour les locaux de l’École, La Source mène de nombreuses réflexions en lien avec son futur. Aussi dans le domaine de la simulation. Dès septembre 2026, le Centre Coordonné de Compétences Cliniques (C4) ouvrira ses portes et abritera bon nombre d’activités de simulation de quatre partenaires: la Faculté de biologie et de médecine (UNIL), le centre de formation continue du CHUV, HESAV et l’Institut et Haute École de la Santé La Source. «Ce projet promet de belles synergies interinstitutionnelles en termes d’interprofessionnalité que nous voulons véritablement investir», se réjouit Donald Glowinski. Sans oublier le projet Beaulieu 2030, qui prévoir de réunir sous un même toit à la fois l’Institut et Haute École ainsi que la Clinique de La Source. «La perspective d’une intégration exceptionnelle entre un lieu clinique et un lieu d’apprentissage. C’est inouï. Beaulieu 2030, c’est la première fois que nous pourrions avoir une simulation au cœur du réacteur».

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