
Sophia Aguet, maître d’enseignement à l’Institut et Haute École de la Santé La Source. Photo: David Trotta © La Source
Maître d’enseignement à La Source, Sophia Aguet entame une thèse de doctorat sur la gestion de symptômes dans les situations palliatives et de fin de vie en EMS. Focus, dans la Lettre R&I d’hiver 2025.
Par David Trotta, rédacteur – Institut et Haute École de la Santé La Source
DT: La demande en soins palliatifs est croissante en EMS. Pourquoi ?
SA: Les EMS hébergeront toujours plus de personnes âgées et très âgées, présentant des comorbidités et qui arrivent dans ces établissements à un âge toujours plus avancé. Ce sont des lieux où les décès sont fréquents et où les besoins en santé sont donc aussi en augmentation, notamment en fin de vie.
Dans les situations de fin de vie, quels sont les défis liés à l’évaluation et la gestion des symptômes ?
Rappelons que l’objectif premier des soins palliatifs est de garantir des prises en soin de qualité et d’améliorer la qualité de vie des patient·es et des familles. En particulier dans la dernière phase de vie, au sein même des EMS, où la durée moyenne de séjour est de deux ans. Malgré l’amélioration des soins palliatifs dans la région, reste un enjeu important autour de la gestion des symptômes, multidimensionnels. Comme la douleur, la dyspnée, l’agitation ou l’anxiété, des symptômes courants en fin de vie, qui peuvent engendrer de nombreuses hospitalisations, un impact sur la qualité de vie, un inconfort pour les proches et aussi pour les soignant·es.
Réduire les hospitalisations inutiles via une modification des pratiques infirmières est l’un des objectifs de votre thèse. Dans quelle mesure sont-elles fréquentes ?
Il ne s’agit pas d’éviter à tout prix un transfert ou une hospitalisation, qui peuvent contribuer à stabiliser une situation. Mais les transferts ou hospitalisations non planifiées sont souvent effectuées en urgence. Est-ce le signe d’une prise en soin insuffisante et d’une gestion insuffisante des symptômes ? Il faut rappeler que 70% des décès sont prévisibles. L’idée est donc d’armer les professionnel·les de santé, notamment les infirmier·ères, qui ont un rôle autonome dans les EMS, pour gérer plus efficacement ces situations. Les données existantes montrent qu’il y a une sous-utilisation de certaines interventions aux effets bénéfiques pourtant prouvés. Comme l’administration d’opiacés. À travers ma thèse, je m’intéresse donc particulièrement à la mise en œuvre des interventions de gestion des symptômes palliatifs, auxquelles on recourt de façon inégale selon les établissements, pour qu’elles soient véritablement intégrées et pérennes dans les pratiques.